Etymologie « d’Eminence Grise » : du latin eminens, participe présent de emineo, immineo : « s’élever au-dessus » , « surplomber »
Histoire : « Éminence grise » est une expression désignant un conseiller influent et reconnu mais qui reste plutôt dans l’ombre. Cette expression fut pour la première fois employée pour désigner Joseph François Leclerc du Tremblay, dit aussi « le Père Joseph » (1577-1638), conseiller officieux du cardinal de Richelieu, « éminence rouge » et principal ministre du roi Louis XIII. En raison de son affiliation aux capucins, il portait une robe de bure grise. Parce qu’il fut nommé cardinal peu avant sa mort, et que ses détracteurs le considéraient aussi puissant que Richelieu, il eut droit au titre d’« éminence grise». L’éminence grise se distingue d’un conseiller habituel par l’influence qu’il exerce largement au-delà de ses responsabilités officielles.
Préambule : Le métier d’Éminence Grise est à la foi un métier ancien et récent. Il est assez difficile à cerner car trop souvent confondu avec celui de conseiller, parfois de formateur, ou surtout de gourou ou de coach qui est très à la mode actuellement. Il se distingue fondamentalement de ces métiers qui ont, dans le domaine de l’œnologie, évolué souvent vers le « faiseur à la place » très directif, celui qui commande et décide à la place des équipes en place, du « comment faire », certains allant jusqu’à signer des bouteilles pour lesquelles ils n’ont jamais vraiment œuvré… Il s’ensuit objectivement une normalisation, voire une standardisation, des produits préjudiciable à leur authenticité. Le consultant fait son show avant le produit. On « reconnait » le vin plus par celui qui est supposé l’avoir fait que pour ses qualités intrinsèques…Tout cela n’est qu’illusion ; rien à voir avec la démarche de Pascal Chatonnet.
Pascal Chatonnet : Compétences pluridisciplinaires et Discrétion
D’abord de par sa formation qui couvre les domaines de l’agriculture en général, de la viticulture en particulier et tout particulièrement de l’œnologie, Pascal Chatonnet embrasse de manière tout à fait unique toutes les compétences techniques nécessaires à la filière viti-vinicole et de ses industries connexes.
Titulaire d’un Brevet de Technicien Supérieur en Viticulture, du Diplôme National d’œnologue[1] de la Faculté d’œnologie de Bordeaux, d’une première thèse[2] (DERUB) préparée dans le cadre d’un troisième cycle effectué dans le cadre de la même faculté en 1991 puis d’une thèse de Doctorat d’Etat de l’Université de Bordeaux en 1995[3], Pascal Chatonnet n’est pas pour autant simplement un surdiplômé mais avant tout un entrepreneur passionné.
Tout en étant étudiant, il a créé en 1992 le Laboratoire EXCELL[4] qui deviendra l’un des laboratoire leader dans le domaine de l’analyse fine des vins, des environnements vinicoles et des matériaux en contact avec les vins ou les spiritueux (liège, bois) au plan international. Il ouvrira plusieurs filiales en Amérique du Sud (ENOROLLAND en Argentine 2000, puis EXCELL SUD AMERICA au Chili 2006) puis en Espagne (EXCELL IBERICA 2009). Laboratoire EXCELL rejoindra progressivement le Groupe LAFFORT ŒNOLOGIE à compter de 2017 en s’associant avec leur division laboratoire implantée à Bordeaux (SARCO).
Les recherches développées dans le cadre de ses doctorats comme responsable de la Recherche & développement de la Tonnellerie Seguin-Moreau détaché à l’Institut d’œnologie, sous la direction de Pascal Ribéreau-Gayon, Yves Glories puis finalement Denis Dubourdieu de 1989 à 2000 lui ont permis de développer une expertise scientifique reconnue au plan international grâce à de nombreuses publications et conférences scientifiques de par le monde. Les domaines explorés vont de la physico-chimie du bois de chêne utilisé en tonnellerie et de son influence sur la composition et la qualité des vins élevés sous bois, en passant par le développement de nouvelles techniques d’analyse et d’identification des composés volatils et odorants du vin positifs ou négatifs influencés soit par la levure de fermentation, soit par les enzymes industrielles, soit par des levures de contamination ou encore par les polluants organo-halogénés….
Nota : Après avoir initié le renouveau technique de la tonnellerie en développant de nouvelles techniques de chauffe des barriques et de sélection des bois de chênes pour améliorer leur impact qualitatif sur les vins, Pascal Chatonnet est notamment le découvreur de l’origine du caractère désagréable « phénolé » et « animal » des vins rouges lié au développement de levures de contamination appartenant au genre Brettanomyces sp. Il a également précisé l’influence de la souche de levure de Saccharomyces cerevisiae et de l’utilisation des enzymes pectolytiques d’origine fongique sur la biosynthèse des vinylphénols dans les vins blancs aboutissant à la sélection de levures dépourvues de l’activité enzymatique décarboxylant les acides cinnamiques du raisin pendant la fermentation et à la production des premières enzymes industrielles purifiées de l’activité hydroxycinnamate hydrolase à l’origine de l’augmentation des acides phénols précurseurs des phénols volatils. L’identification des arômes impliqués dans l’arôme caractéristiques des vins doux naturels a ouvert la voie aux recherche sur le vieillissement prématurés des vins (premox). Ses recherches sur les dérivés organochlorés du bouchon en liège lui ont également permis de découvrir l’origine de la contamination des vins par des odeurs à caractère « moisi » indépendamment de tout contact avec des bouchons pollués. C’est ainsi que la pollution des vins via les ambiances des chais par les dérivés du penta et du tétrachlorophénol, puis du tribromophénol, a été élucidé grâce à ses travaux. Le développement de nouvelles techniques d’analyses des ambiances et d’identification des sources à l’origine de ces pollutions environnementales gravissimes ont permis la mise en place de stratégies efficaces de décontamination des sites pollués et la mise en place de stratégies de prévention de toutes nouvelles pollutions à partir des matériaux entrant directement ou indirectement au contact des vins. Son expertise d’analyste a également permis d’accéder à l’identification de nombreux contaminants altérant la pureté des vins dérivés de l’usage de certains pesticides.
Pascal CHATONNET est l’auteur d’une centaine d’articles scientifiques et techniques, il a participé durant sa carrière de chercheurs à de nombreux symposiums scientifiques internationaux et comme enseignant dans le cadre de la formation continue professionnelle dispensée à l’Institut d’œnologie de Bordeaux. Retiré de l’université de Bordeaux II depuis 2000, il continue néanmoins à superviser différents programmes de recherches privés ou collaboratifs à titre d’expert (agréé CIR) ou de partenaire actif (programmes nationaux ou européens).
A partir de 1991, Pascal Chatonnet développe concomitamment une acticité d’œnologue conseil qu’il ne cessera de développer discrètement en travaillant plus particulièrement à l’étranger, soit directement, soit en collaboration avec Michel Rolland (entre 2000 et 2010) dans le cadre d’une association (MRPC Consultants), ou encore à travers l’agence de consulting international VINEBRIDGE, qu’il finira par racheter (2016), puis par fusionner dans sa propre structure (2019) Pascal Chatonnet Conseil SAS.
Pascal Chatonnet est expert judiciaire près la Cour d’Appel de Bordeaux depuis 1997, ainsi qu’expert agréé par le Ministère de la Recherche & de l’Enseignement Supérieur au titre du Crédit Impôt Recherche (CIR) depuis 1999.
Depuis 1995, Pascal Chatonnet élabore également les vins des propriétés familiales[5] à Lalande Pomerol (Château Haut-Chaigneau, La Croix Chaigneau et La Sergue) et à Saint Emilion (l’Archange) ; depuis 2008 il en assure également la gérance.
L’éminence grise des grands et des petits crus
A travers ses différences compétences, Pascal Chatonnet intervient pour le compte des plus grands crus dans le monde entier. De la mission expresse et strictement confidentielle destinée à résoudre un grave problème de qualité en un temps record, en passant par l’expertise technique poussée pour la mise en place d’une restructuration de vignoble ou de cave, la définition d’une stratégie de production de tous types de vin (blanc, rosé, rouge ou pétillant) sur tous les continents, le recrutement et la formation d’équipes techniques ou l’élaboration des assemblages finaux des meilleurs crus internationaux pour développer leur reconnaissance internationale, Pascal Chatonnet intervient pour toutes ces taches en coulisse, voire de manière totalement confidentielle si les propriétaires ne souhaitent pas mettre en avant des collaborations extérieures à leur entreprise.
Améliorer la qualité du produit est son obsession. Toutefois, son rôle peut ne pas s’arrêter là. Pascal Chatonnet comme éminence grise, c’est avant tout un miroir dans la réflexion. L’éminence grise, c’est celui qui ose exprimer les problèmes et les difficultés franchement. C’est quelqu’un avec qui le dirigeant peut parler plus librement et plus franchement pour briser la solitude de la décision. Il peut lui soumettre ses idées, avec l’assurance d’une réponse franche, dépolluée de jeu de pouvoir, de manipulation et d’intérêt caché. Pour ce rôle, il faut « de la bouteille » et être sorti totalement de la cour des ambitions personnelles à court terme.
Une philosophie particulière : Identifier, Développer et Imposer le style du Lieu
Plutôt que reproduire comme la majorité des consultants des recettes développées par ailleurs et donc toujours basées sur les mêmes principes : la réduction sans limite des rendements, la recherche de la sur-maturité du fruit, l’utilisation à outrance du bois ou de principes ésotériques pour la production de vins soi-disant naturels, Pascal Chatonnet recherche d’abord ce qui est à l’origine de l’identité du Lieu.
Cette identité est difficile à définir car elle fait appel à une combinaison complexe de paramètres que l’on appelle communément le Terroir.
Mais bien souvent, la majorité confond le Terroir et la simple géologie du Lieu. Or le Terroir est bien plus complexe. Il associe d’abord et bien évidemment le sol et le climat, mais aussi et surtout l’Homme ! Le rôle de l’Homme est absolument fondamental. C’est lui qui in fine signe le Vin et lui communique son énergie vitale, son Identité, c’est-à-dire son Style.
Ce Style s’inscrit également dans le temps ; l’Histoire (le passé) du Lieu est donc tout aussi importante pour définir le Style au présent et le faire évoluer éventuellement dans le futur.
Si l’Homme, ou l’Histoire, n’existe pas sur le Lieu, ou encore si l’Homme n’est pas capable d’imposer son esprit, alors c’est le Consultant qui s’y substituera…De là commence la banalisation.
L’Eminence Grise agit différemment. Fin connaisseur du Lieu, il est le conseiller discret, l’orienteur, celui chuchote à l’oreille et qui ne revendique rien en place des propriétaires. Mais c’est aussi le visionnaire, celui qui oriente les stratégies à moyen ou long terme et qui impulse les grandes évolutions sans aucune révolution. Chaque lieu est différent et chaque Lieu permet d’apprendre de nouveau. C’est la combinaison d’expériences extrêmement différentes, y compris en dehors parfois du monde du Vin, qui confère à ce consultant particulier une profondeur et une qualité d’approche unique.
« Pour faire un grand vin il faut d’abord un grand raisin, ensuite un grand raisin et finalement un grand raisin. »
L’essentiel de la qualité d’un grand vin réside dans la qualité du raisin. La vinification puis l’élevage et enfin l’assemblage et le conditionnement ne visent qu’à éviter les déviations qui risquent de se développer quand l’Homme oublie son rôle d’Auteur. Pour Pascal Chatonnet, l’essentiel du travail commence donc à la vigne. Mais il se poursuit ensuite à toutes les étapes.
Le savoir-faire et le faire savoir
La communication du savoir-faire est une des taches fondamentales du consultant. Eclairer les équipes internes permet au Vin de perdurer au-delà du consultant qui ne fait que passer. Il faut donc enseigner le comment et le pourquoi des choses aux équipes pour qu’elles s’approprient l’idée et la réalisent parfaitement en toute liberté. Les vins réalisés sous la pression d’un consultant directif et peu communicatif possèdent toujours un goût de revanche désagréable qui se révèle au cours du temps…
Le faire-savoir est un nouvel élément devenu indispensable dans notre époque. Bien faire n’est plus suffisant pour être positivement reconnu. Sans Style la mission est impossible. Mais sans capacité à communiquer son pourquoi et son comment, le meilleur des Vins risquera de se perdre au milieu de la multitude des produits plus « brillants » même s’ils sont en fait moins éclatants…
Paradoxalement, la discrétion de l’Eminence Grise peut, là aussi, aider à innover en matière de communication. Engager une communication d’influence requiert de s’affranchir des messages ressassés, de se montrer au contraire audacieux, innovant et entreprenant. C’est avant tout une question d’état d’esprit où la surprise et la créativité ouvrent des voies aussi indispensables que redoutables. Il s’agit non seulement d’opter pour des outils d’un genre nouveau, mais surtout de se montrer capable de réfléchir différemment.
[1] Lauréat du Prix de l’Union des Oenologue de France en 1986,
[2] Thèse de Diplôme d’Etude et de Recherche de l’Université de Bordeaux II, 1991,
[3] Thèse de Doctorat d’Etat es sciences en Œnologie-Ampélologie de l’Université de Bordeaux II 1995, Lauréat du premier Prix international de l’Académie Amorim, (Lisbonne, 1995) et du prix international de la Fondation Giuseppe Morsiani (Vérone , 1996).
[5] www.vignobleschatonnet.com